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mardi 23 juin 2020

LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Joseph Hémard

4- JOSEPH HEMARD


Joseph Hémard (né Aux Mureaux en 1880 – mort à Paris, 1961) est un illustrateur français connu dès les premières années du XXe siècle il publie des dessins humoristiques et des bandes dessinées dans des journaux illustrés comme Les Hommes du Jour, Le Pêle-mêle ou Le Bon Vivant. 

C’est là qu’il rencontre Bringer. 


Plein d’humour, doué à la fois d'un sens artistique indéniable et d'un coup de crayon remarquable, il s'est essayé à différentes applications de son art : dessins dans divers journaux humoristiques, illustrations de livres (Balzac) dont de nombreux de Bringer (plus de 100) où il a particulièrement excellé, peintures, décoration de crèches, etc.... 
Il fut reconnu comme un illustrateur de talent . Anatole France l’appelait " le plus spirituel de nos artistes contemporains". Membre de la Socièté des Humoristes qu'il présidera après la guerre comme successeur de Poulbot, il expose à l'Araignée et au Salon d'automne en 1919. Il a aussi écrit des pièces pour le Théâtre de Guignol et participe aux dessins animés de LORTAC. C’est lui qui illustra la paternité de Bringer sur le Tricastin, dessin en couverture du livre.


LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Ferdinand Allier

3 - FERDINAND ALLIER , le Félibre di Sardo

Dans ma famille on conservait précieusement le fascicule de Rodolphe Bringer « Les bons vieux plats du Tricastin » pour deux raisons. Premièrement parce qu’il y avait là nombre de recettes faciles et avec des ingrédients locaux et deuxièmement parce que mon grand oncle, le frère de ma grand-mère, Ferdinand Allier y était souvent cité. En effet poète provençal, musicien ( il a écrit une Pastorale « la Bello Bugado »), c’était aussi une gourmet ( un lipet en provençal). Bringer l’avait surnommé « le félibre di sardo » car il mettait des anchois dans tous les plats…..Ce surnom l’a accompagné toute sa vie et même encore maintenant on parle de lui en ces termes…


Préface du livre qui lui est consacré "Ferdinand Allier Félibre à Valréas" en 1990 par Jean-Pierre Thomas, époux de sa petite fille:
"FERDINAND ALLIER né à Valréas en 1878, décédé en 1938.
Après l'Ecole des Frères de Valréas, dont il restera un membre assidu de l'Association des Anciens élèves, et un passage chez les Jésuites au Collège Saint Joseph d'Avignon, il entre au Petit Séminaire Ste Garde à St Didier près de Carpentras. Il y fera de brillantes études littéraires et deviendra Bachelier en 1894 à 16 ans. De cette époque il gardera de nombreuses amitiés parmi les futurs prêtres du diocèse. Et parmi eux son grand ami l'abbé Faravel né à Grillon près de Valréas et qui deviendra curé de Grillon. Il restera pour lui comme un frère, un confident et un complice dans leur commune affection pour la langue provençale.
Mais Ferdinand Allier n’ira pas au Grand Séminaire. Il se marie à Valréas en 1902, à 24 ans, et se voit confier par son beau-père, industriel en Cartonnages à Valréas, des fonctions administratives et comptables dans sa société alors en plein essor.
Il aura deux enfants et cependant dès août 1914, à 36 ans, il est mobilisé et fera toute la guerre au front.
Il en reviendra physiquement intact, mais moralement désabusé. Et c’est peut-être pour oublier ces quatre années terribles qu’il va désormais se consacrer presque exclusivement à sa famille et à ses dons artistiques qui sont nombreux.
Musicien, il joue du violon, du violoncelle, du piano. de l’harmonium.
Il compose de la musique Il crée et dirige un chœur de chant Il écrit et compose des revues sur la vie valréassienne
Il est correspondant de presse. Il apprécie la cuisine et la gastronomie.
Il se passionne pour la langue provençale, d'abord sous le pseudonyme : Felibre de Cartoun puis Felibre di Sardo (anchois).
Il est très actif à l'Escolo de la Poumo Vauriasso. Il écrit avec son ami Gabriel Bernard de Piolenc, une Pastorale " La Bello Bugado " dont il compose toute la musique. Il laissera plus d'une centaine de poèmes provençaux, délicats et savoureux, surtout inspirés par la vie quotidienne.
Il mourra brutalement au cours d'une cueillette de champignons, en famille avec ses petits-enfants. On le recherchera dans la nuit et on le trouvera un champignon dans la main. C'était le jour des morts, le 2 novembre 1938. Il avait 60 ans.
Il a laissé aux Valréassiens le souvenir d'un bon vivant, doux, affable, optimiste, chaleureux et à ses petits- enfants, au nombre de 7 en particulier à l'une de ses petites-filles qui a hérité de beaucoup de ses dons et qualités, le souvenir d'un merveilleux grand-papa.
Ces écrits ont été recueillis et conservés par René Allier (1906-1979) fils de Ferdinand, puis par la fille de René Allier, Denise, épouse de J.P Thomas.
Il est l'auteur du quatrain qui illustre les vins de la cave La Gaillarde à Valréas dont il fut l'un des 5 fondateurs.
"Lou vin de la Gaïardo ami coufo lou cor
Donno i jouvent l'amour l'esper et la valenço
Rend i viei lou courage et l'enavans di fort
Car tira sa vertu dou soleù de Prouvenço "

LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Eugène Martin

2 - EUGENE MARTIN poète et félibre


C’était un   poète-félibre qui commença très jeune à écrire des vers en provençal – lauréat de nombreux jeux Floraux – concours de poésie – qui existent encore de nos jours dans le félibrige. Il créa "L’escolo di Lavando" qui est toujours un groupe d’écrivains et de poètes et d’amis de la langue provençale

Pour parler un peu d’Eugène Martin voici ce que Rodolphe Bringer écrivait sur lui en octobre 1929 : 
"Il y a moins d'un an "les amis du Tricastin" (la revue de R.Bringer) publiaient la première plaquette de vers du jeune félibre de Montségur Eugène Martin; cela s'intitulait "Viouletto Tricastino" et les fervents de poésie purent s'éjouir de ces beaux et francs poèmes chantant le beauté de notre Pays. 

Et voici qu'aujourd'hui, aux Editions Jacomet, de Villedieu du Comtat, parait un volume plus copieux, réunissant les plus beaux vers de notre jeune compatriote. 
Cela s'intitule "Blavet e Gau-Galin", qui veut dire, et j'ai quelque honte à vous le traduire, car tous peu ou prou vous devez connaître le Provençal "Bleuets et Coquelicots". 
Ce n'est pas ici certainement le lieu de refaire l’éloge d’Eugène Martin, dont il vous fut longuement entretenu et dont nous avons publié de nombreux poèmes. Eugène Martin est, sans contredit, le meilleur Félibre de notre Tricastin, et, à ne vous rien céler, je ne sais même pas beaucoup de Poètes en Provence qui lui puissent être comparés... Ce qui le caractérise c’est son amour de son terroir et sa façon toute particulière de le célébrer en beaux vers sonores et harmonieux... Quand on lit de l’Eugène Martin, comme on sent bien que ce ne sont pas là des poèmes pensés en Français et laborieusement traduits en Provençal, comme il arrive trop souvent pour de trop nombreux Félibres... Lui, il pense en Provençal, et en garçon de la Terre... Aussi que de métaphores heureuses et si neuves et quelle belle Poésie, sentant la Terre qui s’exhale de cette âme que n’ont point gâtée des lectures et des souvenirs... 

Ah !... Comme cela m’a fait plaisir, sur la couverture de son petit volume de vers, sous sa signature, ce titre : « Poète-Paysan »... Oui !... Eugène Martin est le vrai « Poète-Paysan », de cette noble et belle lignée des Charloun Rieu, qui chantèrent, comme des cigales, parce que le temps était beau, le ciel clair, le soleil lumineux et le site plaisant à leur cœur !.... 
Lisez "Blavet e Gau-Galin" et savourez ainsi qu’il sied cette langue rythmée, mesurée, et pleine comme du bon classique... Hélas ! Que de gens aujourd’hui ne la comprennent plus cette belle langue de nos Avi (de nos aïeuls) sœur de la Latine et qui ressemble à une musique. Oui ! Lisez ces vers, et vous verrez que nous n’avons pas tort de placer Eugène Martin si haut dans la hiérarchie félibréenne de notre Pays, car il est, je vous l'assure, un des meilleurs Poètes que j’ai connus."


LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Loys Prat

1-   LOYS PRAT, peintre


 LOYS PRAT (en réalité Louis PRAT) est né le 5 octobre 1879 à Donzère au pied du château des anciens évêques de Viviers. Son père, instituteur (il enseignait à Hauterives en 1856), fut nommé secrétaire de mairie à Donzère où il épousa en 1865 Aminthe Clément, nièce du peintre donzérois renommé : Félix Clément (1826-1888).



C'est l'exemple de ce grand oncle peintre qui influença, dès ses premières années, la vocation du jeune garçon qui remit un jour à son instituteur, au lieu d'une rédaction sur l'hiver, un dessin de jardin sous la neige. L'adolescent installa son premier atelier dans les galetas de la maison paternelle et le maire d'alors, François Meynot, émerveillé de ses dispositions artistiques, lui fit obtenir la bourse du Conseil Général lui permettant de se présenter à l'Ecole des Beaux-arts.
Après une brillante première année lyonnaise sous la direction de Loubet, Poncet et Sicard, cet élève doué fut remarqué par Fernand Cormon (le peintre de "La mort de Ravana", de "Caïn", auteur de la décoration du muséum d'Histoire naturelle de Paris) qui l'accueillit dans son atelier parisien.
Admis comme élève titulaire à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1900, Loys Prat en suivit assidûment les cours jusqu'en 1906. C'est en 1901 qu'il choisit ce prénom car un élève portant les mêmes nom et prénom que lui, Louis Prat, venait de s'inscrire dans le même cours.
En 1908, Loys Prat obtint le premier second Grand Prix de Rome pour sa toile "Meurtre par des païens sur la voie appienne du jeune Tharcise portant le sacrement de l'Eucharistie".
La récompense d'une bourse lui permit d'effectuer un séjour en Corse d'où il ramena plusieurs peintures et études du ciel et de la mer dans le Golfe de Sagone.
Massier à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, dans l'ate-lier de Cormon, il partagea longtemps un atelier rue Falguières, puis rue de Grenelle jusqu'en 1930, date de sa démolition pour s'installer enfin 13 bis, rue Amélie, au 5e étage.
Mais ce Parisien d'adoption, sociétaire de Artistes français depuis 1907, ne put jamais se séparer de sa Provence natale. Il transforma une ancienne magnanerie de Donzère en atelier, dont il meubla le jardin et en terrasses, d'amphores et de veilles sculptures de pierre patinée.
Nombre de ses toiles du début du siècle furent
inspirées par des thèmes bucoliques et mythologiques, toujours baignées d'une chaleureuse luminosité :
"Daphnis et Chloé", "Priape", datées de 1913, et "Faune au soleil", "Pastorale", "Bacchanale", mais aussi "Le verger du matin", "La treille" (1912).
Loys Prat fut l'un des premiers disciples de Paul Baudoin, le principal artisan de la renaissance de la fresque.
La décoration de la salle de spectacles de Thaon, dans les Vosges, qu'il avait commencée avant la guerre de 1914, ne fut terminée qu'après l'armistice.
Il créa aussi des fresques dans les immeubles de la rue Miollis et de la rue Eugène-Riesz à Paris, ainsi qu'une somptueuse "Pastorale" dans un hôtel particulier des Champs-Elysées et dans les locaux de la Caisse des Assurances Sociales de la rue de Dunkerque à Paris, réalisant aussi une œuvre très remarquée à l'Exposition internationale des Arts décoratifs à Paris en 1925.
Sa ville natale de Donzère conserve avec fierté quatre émouvantes fresques sur la vie de Jésus (par "le peintre le plus délicieusement païen") réalisées au cours des années vingt, dans le hall de la chocolaterie d'Aiguebelle, au temps de la splendeur de cette fabrique.
Mais Loys Prat reste avant tout le généreux paysagiste de cette vallée du Rhône qu'il aimait, de Privas au Vercors, des gorges de l'Ardèche au château de Grignan, passionné par cette lumière magique du Rhône dont il sut aussi jouer avec tant de subtilité dans d'inoubliables sépias.
Loys Prat mourut en 1934 à la suite d'une bénigne intervention chirurgicale dans une clinique d'Avignon.
En ce moment, la commune de Donzère est en train d'aménager les vastes locaux de l'ancienne chocolaterie dont une partie doit accueillir dans de bonnes conditions les œuvres de Loys Prat.
Car c'est la commune de Donzère qui a hérité en 1964 de 180 tableaux de l'artiste, lorsque la fille de Loys Prat, Rosette, née en 1917, si souvent peinte parmi les fleurs de l'été, revenant à bicyclette de la chocolaterie qui remployait, fut écrasée par un camion.
Le musée de Liverpool possède une peinture de Loys Prat, "Idylle" et le musée de Dijon un superbe "Paysage rhodanien". 

Source : Peintres Daphinois de la Drôme, ACMAD, 1994 


lundi 23 mars 2020

GASTRONOMIE : LA TRUFFE TRICASTINE

Dans le numéro 2 de la revue du Tricastin Etienne Hébrard publie un texte sur la Truffe Tricastine qui permet de connaitre les connaissances et la production de l’époque. 

En voici quelques extraits ...

« Le Tricastin c’est le Pays des céréales, du bon vin, de l’amandier, de la lavande et de la Truffe. Le Tricastin, selon l’expression de M. Chevalier est le pays d’élection de la Truffe. » 

En ce qui concerne les terrains identifiés à cette époque comme propices : 

« les plus productives (formations géologiques) et surtout les plus importantes sont sur les maigres terrains de la molasse helvétienne (Grignan), du Pliocène, (Vinsobres) et du diluvium quaternaire (Montségur).dans les alluvions profondes elles sont rares et improductives. 

En 1664 le prince de Conti , seigneur de Pierrelatte vint en visite dans sa bonne ville et on alla chercher des truffes à Montélimar. Des truffes à Montélimar ! Voilà un fait certifié par des documents authentiques qui nous autorise à annexer définitivement, sans contestation possible, le chef lieu de l’arrondissement, l’ancien Acunum, la ville des Adhémar au Tricastin. 

La Truffe Tricastine a eu jusqu’à ces derniers temps une concurrence redoutable, une belle dame vieillotte, l’épiderme rugueux, noirâtre et couvert de fard, habitant les futaies du Périgord. Sa réputation séculaire lui a fait son succès mais c’est tout. 

Et là on voit le chauvinisme des Amis du Tricastin dont R. Bringer n’était pas le dernier à en faire commerce 

Je CITE : 

« Notre Truffe Tricastine est aussi belle, aussi noire et le fard qui la recouvre n’est pas moins de bon teint. Quant aux qualités, je vous dis "Goutez, Comparez" et si vous n’êtes pas convaincus lisez ceci qui est écrit par des agronomes bien renseignés : 

« Parmi les départements français, la Drôme vient au 4ème rang quant à l’importance de sa production qui est approximativement de 46.000 kilos en année moyenne.les principaux centres de production sont : Canton de Grigna 15000 kilos, canton de St-Paul trois Châteaux : 9.500 kilos, canton de Nyons : 5000 kilos. Les marchés aux truffes les plus importants du département sont : Grignan, Taulignan , Montségur, St-Paul…où les belles truffes rondes sont enlevées par les courtiers d’importantes maisons de Lyon, du Périgord, etc…. 

Il parle ensuite de la récolte et de la trufficulture qui se met en place dans la région pour conclure ainsi 

« Je veux redire en terminant que la culture truffière est appelée à rénover l’économie agricole des régions jadis déshéritées. Grace au Tricastin, la Drôme prendra une des premières places dans la production nationale et la Renommée, cette prompte courrière, volant partout, des brumes de Londres aux frimas de l’Amérique, dira les qualités de la truffe tricastine….. »

GASTRONOMIE : LES BONS VIEUX PLATS DU TRICASTIN

Les amis du Tricastin éditent « Les Bons vieux plats du Tricastin », livre de cuisine mais aussi d’archéologie disent-ils car ils remettent à l’honneur les plats de leurs ancêtres. Chaque recette est précédée d’un commentaire de Bringer dont certains sont de petits bijoux d’humour….Bringer est en maître-queux sur la couverture 


Parmi ceux-ci il faut noter quelques recettes très locales, avec toujours des produits du cru et quand il parle d’huile c’est bien entendu d’huile d’olive.

- Les gratelons qu’il est inutile de détailler et sa fougasse 

- Les écrevisses à la Tricastine dont les ruisseaux ( le Lauzon par exemple) en regorgeaient à l’époque ( à base de beurre ,ail, persil et tomate ) 

- Le Cabri à la Tricastine - grillé 

- Les Caillettes,  une parmi les cent recettes du pays 

- L’alose à l’étouffée, car les meilleures aloses se trouvent entre Pont-St-esprit et Rochemaure ( elles sont assez dessalées mais pas encore trop insipides) bien entendu avec de l’oseille et de l’huile puis de l’eau de vie 

- Les Paquets à la Tricastine – recette longue et compliquée mais succulente 

- Les cardons à l’ancienne recette que je pratique régulièrement (surtout à Noël) 

- Le Coudounat , fine liqueur à base de Coings qui parât-il « possède toutes les vertus curatives et quelques autres en plus !!!....Il n’est rien de plus stomachique et mon Grand prétendait que si l’estomac savait parler il dirat : « Coing,Coing,Coing ». 

Et puis parmi toutes ces recettes il en est beaucoup avec de l’anchois. Pour deux raisons, d’abord parce que l’anchois est un ingrédient bon marché comme le dit Bringer « bien qu’elle ne soit pas précisément de chez nous et qu’on ne la pêche ni dans le Roubion, ni dans le Lez , ni même dans le Rhône, la sardo joue un grand rôle dans notre alimentation… » et deuxièmement parce que Ferdinand Allier , félibre de Valréas, ami de Bringer dont je vous parlerais , a contribué à de nombreuses recettes . D’ailleurs Bringer le dénommait le Felibre di Sarda parce qu’il en mettait souvent dans sa cuisine . 

Notons : 

- Les gondoles Tricastines, barquettes de pate brisée remplie d’une garniture faite de thon mariné, anchois, mayonnaise et décorée d’une belle rondelle de truffe…. 

- La conserve Tricastine en bocal avec tranche filet de porc rôti froid en alternance avec une couche de filet d’anchois- recouvert d’huile à déguster 2 mois après . 

- Les œufs farcis à la mode du Lipet (le lipet étant Ferdinand Allier) on appelle maintenant cela les œufs mimosas 

- Le Pan Sarda pour aller à la chasse 

- La Sardoulive ( une sorte de tapenade ) avec bien entendu des olives noires de Nyons 

- Le « Petourloun » aux anchois – qui peut de traduire par chose de peu d’importance car c’est une recette simple avec de la pâte et de l’anchois cuits au four auxquels on donne la forme que l’on veut. C’est une recette « pour orner les menus de Carême ».

Le détail de toutes ces recettes dans le livre "Le Tricastin de Rodolphe Bringer" (Cercar) -10 € franco de port - à commander à : A.E.F.O - 6 lotissement fanfinette le bas - 84600 VALREAS ou à : aefoenotourisme@gmail.com

GASTRONOMIE : LE VIN DE DONZERE

Alors que les contemporains de Bringer ne connaissaient pas encore l’existence  de la plus grande villa romaine viticole puisqu’elle fut découverte que dans les années 1970 sur le site du Mollard à Donzère,  ils faisaient déjà l’apologie du vin de Donzère qui depuis le Moyen-âge avait acquis une flatteuse réputation jusqu’en 1870…..
Rodolphe Bringer et ses "Amis du Tricastin" ( F.Revoul, E.Hebrad, A.Jullien, E.Martin) étaient de fins gourmets (lipet) . Ils nous ont laissé de nombreux articles et recettes sur les curiosités gastronomiques et produits du Tricastin. Une de celles qui nous semble aujourd'hui étonnante est "le vin de Donzère" , ancêtre des vins des Coteaux du Tricastin dont on ne sait pas qu'il fût très renommé à une certaine époque.(photo: un domaine de Donzère )

André Jullien, dans un long article, nous en a laissé l'histoire.

En voici quelques extraits 
Couleur d’or ou de rubis, différents d’aspect et de goût, mais tous capiteux à souhait, concentrant en eux la généreuse ardeur du soleil qui, chez nous, mûrit les grappes, les vins des Côtes du Rhône, Hermitage, Saint-Peray, Tavel, Châteauneuf- du-Pape, occupent une place de choix sur la table des gourmets, se classent en bon rang parmi les grands vins de France. 



C’est que dans notre sillon rhodanien, la vigne, cette buveuse insatiable de chaude lumière, qui, comme l’olivier, se plaît dans les sols que brûle l’ardente canicule, sur ces “côtes rôties” où, dès juillet, tout autre végétation se dessèche et paraît mourir, trouve en maints endroits des sites qui lui paraissent prédestinés et où elle peut donner des produits de tout premier ordre.  

Jadis, les crus fameux de la vallée du Rhône étaient plus nombreux que de nos jours. Bien des vignobles au cours de la crise phylloxérique qui ruina nos viticulteurs ont disparu et leur antique renom n’est plus pour nous qu’un souvenir (1) 

Le vignoble donzérois est de ceux-là et nous voudrions sinon écrire son histoire, ce qui dépasserait nos moyens, du moins grouper, pour en célébrer l’ancienne splendeur, quelques faits ou documents qui jalonnent cette histoire et qui, pour nos compatriotes peuvent avoir quelque intérêt. 

Le territoire de la commune de Donzère comprend, presque pour sa moitié une partie haute formée de terrasses étagées modelées par le Rhône au début de l’époque quaternaire. Ces terrasses fluviátiles s’appuient aux dômes anticlinaux de calcaires durs dans lesquels le Rhône, arrêté jadis par eux a taillé de haute lutte l’étroit défilé du Robinet et dont les assises plongent au sud et à l’est sous les couches mollassiques. La moins élevée de ces terrasses, celle de 60 mètres au dessus du niveau actuel du fleuve - à l’abri de laquelle le village s’est blotti - forme un haut talus, légèrement curviligne, qui, du nord-ouest au sud-est, se dresse au bord de la plaine. Ces terrasses sont occupées à l’est par la forêt communale de Javalenc, partie occidentale d’une vaste sylve qui par les bois de Montjoyer, de Salles, d’Aleyrac et de Taulignan déferle juqu’à la Lance. La partie ouest, que la culture abandonne de plus en plus est peu à peu envahie par la lande broussailleuse qui caractérise nos régions. 

Des ravins étroits et profonds, bien abrités du Mistral, où la chaleur se concentre de façon particulière, entaillent perpendiculairement le rebord méridional de ces terrasses ; ce sont les combes des Roches, de l’Opilias, des Riailles, de Combelonge, de Javalenc........

D’ailleurs l’existence du vignoble donzérois, au moyen-âge, ne saurait être mise en doute. Aymar du Rivail qui traversa nos régions vers le milieu du XVIe siècle note dans la relation de son voyage que la plaine qui, autour de Pierrelatte, s’étend vers le Rhône et le pays des Tricastins (Saint-Paul-Trois-Châteaux) est féconde en grains et en vins (2). Il est évident que si le vignoble avait envahi la plaine, à plus forte raison s’était installé sur les terrasses sèches et les pentes caillouteuses qui lui convenaient encore mieux. 

Ce vignoble s’étendit peu à peu. Son entretien constituait au XVIIe siècle une part très importante de l’activité des cultivateurs donzérois et nous en trouvons la preuve dans les procés-verbaux de la Révision des feux de 1698. Les Consuls et Officiers de Donzère déclarent aux commissaires le 30 avril de cette même année qu’ils paient au seigneur évêque et au chapitre de Viviers la dîme sur les vins ou la vendange et qu’il y a des vignobles tant dans les îles du Rhône que dans le reste du territoire. Et le procès verbal ajoute : “Et ayant observé et fait observer ausd. experts l’état et la qualité des fonds dud. territoire, il a paru propre à nous d. commissaires en partie considérable à froment et le surplus à bled, méteil et seigle, y ayant plusieurs vignes qui produisent du vin de bonne qualité, plusieurs noyers oliviers, figuiers et amandiers, grande quantité de bois taillis et autre à bâtir, mais peu de prairies (3)” 

Cette “bonne qualité” des vins de Donzère s’affirme de plus en plus et l’intendant Pajot de Marcheval, un siècle plus tard, en 1778, dans son mémoire sur la situation du Dauphiné (4) la relate à son tour. “Dans l’élection de Montélimar, écrit-il, il y a plusieurs vignobles où les vins sont recherchés comme ceux de Donzère, de Châteauneuf du Rhône et partie de Montélimar, mais les frais de culture en sont considérables et absorbent pour l’ordinaire la moitié de la récolte. Les autres vins, quoique bons, n’ont aucune valeur et on est forcé de les consommer dans le pays où on les recueille, ne pouvant supporter les charrois.” 

On remarquera que l’ordre alphabétique ne préside pas à l’énumération des trois localités indiquées et que sans doute, la mise au premier rang des vins de Donzère ne paraît pas due au hasard. C’est donc que ces vins avaient nettement pris le dessus sur ceux des vignobles voisins. D’autre part, il résulte de ce texte - ce que nous confirmeront d’autres écrits - que ces vins étaient déjà l’objet d’un commerce d’exportation hors de leur lieu d’origine......


“Les raisins propres à produire les meilleurs vins rouges sont ceux qui sont connus sur les lieux sous les noms de Ribier, de Saler, de Grec, de Piquepoule de la grosse et de la petite espèce. On laisse perdre dans ce moment un raisin précieux, sous prétexte que le grain est trop petit et qu’il donne peu de vin ; c’est le Cabournet qui produit un vin chaud et parfumé. 

“Les raisins blancs les plus estimés sont la Clairette, le Picardan, le Rosani ; ces trois espèces forment un vin blanc délicieux ; les plans de raisins rouges et de raisins blancs sont ordinairement mêlés dans les vignes et on les sépare à la cueillette lorsqu’on veut faire du vin blanc ; mais on laisse subsister beaucoup de ces derniers pour le vin rouge, crainte de diminuer sa qualité. 

“Le vin de Donzère ne reste ordinairement que trois ou quatre jours dans la cuve ; il est fait au bout de ce temps. Il est plus fin quand on égrène les raisins et qu’on ne met point la rafle dans la cuve. Le vin étant fait et placé dans des tonneaux de mûriers ou de chênes, on y mêle toujours un peu de vin pressé ; du moins les personnes attentives le pratiquent ainsi, parce qu’on a reconnu que cette seconde qualité de vin étant plus chargée de principes extractifs donnait plus de corps au vin qui, d’ailleurs se conservait mieux. Les tonneaux ne sont point bouchés pendant la première année, il est vrai qu’on est très attentif à les tenir sans cesse pleins."
Plus d'infos sur le Vin de Donzère dans le livre "Le Tricastin de Rodolphe Bringer" ( Cercar) -10€ franco de port - à commander à : AEFO - 6 lotissement fanfinette le bas - 84600 VALREAS ou à : aefoenotourisme@gmail.com