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lundi 23 mars 2020

GASTRONOMIE : LE VIN DE DONZERE

Alors que les contemporains de Bringer ne connaissaient pas encore l’existence  de la plus grande villa romaine viticole puisqu’elle fut découverte que dans les années 1970 sur le site du Mollard à Donzère,  ils faisaient déjà l’apologie du vin de Donzère qui depuis le Moyen-âge avait acquis une flatteuse réputation jusqu’en 1870…..
Rodolphe Bringer et ses "Amis du Tricastin" ( F.Revoul, E.Hebrad, A.Jullien, E.Martin) étaient de fins gourmets (lipet) . Ils nous ont laissé de nombreux articles et recettes sur les curiosités gastronomiques et produits du Tricastin. Une de celles qui nous semble aujourd'hui étonnante est "le vin de Donzère" , ancêtre des vins des Coteaux du Tricastin dont on ne sait pas qu'il fût très renommé à une certaine époque.(photo: un domaine de Donzère )

André Jullien, dans un long article, nous en a laissé l'histoire.

En voici quelques extraits 
Couleur d’or ou de rubis, différents d’aspect et de goût, mais tous capiteux à souhait, concentrant en eux la généreuse ardeur du soleil qui, chez nous, mûrit les grappes, les vins des Côtes du Rhône, Hermitage, Saint-Peray, Tavel, Châteauneuf- du-Pape, occupent une place de choix sur la table des gourmets, se classent en bon rang parmi les grands vins de France. 



C’est que dans notre sillon rhodanien, la vigne, cette buveuse insatiable de chaude lumière, qui, comme l’olivier, se plaît dans les sols que brûle l’ardente canicule, sur ces “côtes rôties” où, dès juillet, tout autre végétation se dessèche et paraît mourir, trouve en maints endroits des sites qui lui paraissent prédestinés et où elle peut donner des produits de tout premier ordre.  

Jadis, les crus fameux de la vallée du Rhône étaient plus nombreux que de nos jours. Bien des vignobles au cours de la crise phylloxérique qui ruina nos viticulteurs ont disparu et leur antique renom n’est plus pour nous qu’un souvenir (1) 

Le vignoble donzérois est de ceux-là et nous voudrions sinon écrire son histoire, ce qui dépasserait nos moyens, du moins grouper, pour en célébrer l’ancienne splendeur, quelques faits ou documents qui jalonnent cette histoire et qui, pour nos compatriotes peuvent avoir quelque intérêt. 

Le territoire de la commune de Donzère comprend, presque pour sa moitié une partie haute formée de terrasses étagées modelées par le Rhône au début de l’époque quaternaire. Ces terrasses fluviátiles s’appuient aux dômes anticlinaux de calcaires durs dans lesquels le Rhône, arrêté jadis par eux a taillé de haute lutte l’étroit défilé du Robinet et dont les assises plongent au sud et à l’est sous les couches mollassiques. La moins élevée de ces terrasses, celle de 60 mètres au dessus du niveau actuel du fleuve - à l’abri de laquelle le village s’est blotti - forme un haut talus, légèrement curviligne, qui, du nord-ouest au sud-est, se dresse au bord de la plaine. Ces terrasses sont occupées à l’est par la forêt communale de Javalenc, partie occidentale d’une vaste sylve qui par les bois de Montjoyer, de Salles, d’Aleyrac et de Taulignan déferle juqu’à la Lance. La partie ouest, que la culture abandonne de plus en plus est peu à peu envahie par la lande broussailleuse qui caractérise nos régions. 

Des ravins étroits et profonds, bien abrités du Mistral, où la chaleur se concentre de façon particulière, entaillent perpendiculairement le rebord méridional de ces terrasses ; ce sont les combes des Roches, de l’Opilias, des Riailles, de Combelonge, de Javalenc........

D’ailleurs l’existence du vignoble donzérois, au moyen-âge, ne saurait être mise en doute. Aymar du Rivail qui traversa nos régions vers le milieu du XVIe siècle note dans la relation de son voyage que la plaine qui, autour de Pierrelatte, s’étend vers le Rhône et le pays des Tricastins (Saint-Paul-Trois-Châteaux) est féconde en grains et en vins (2). Il est évident que si le vignoble avait envahi la plaine, à plus forte raison s’était installé sur les terrasses sèches et les pentes caillouteuses qui lui convenaient encore mieux. 

Ce vignoble s’étendit peu à peu. Son entretien constituait au XVIIe siècle une part très importante de l’activité des cultivateurs donzérois et nous en trouvons la preuve dans les procés-verbaux de la Révision des feux de 1698. Les Consuls et Officiers de Donzère déclarent aux commissaires le 30 avril de cette même année qu’ils paient au seigneur évêque et au chapitre de Viviers la dîme sur les vins ou la vendange et qu’il y a des vignobles tant dans les îles du Rhône que dans le reste du territoire. Et le procès verbal ajoute : “Et ayant observé et fait observer ausd. experts l’état et la qualité des fonds dud. territoire, il a paru propre à nous d. commissaires en partie considérable à froment et le surplus à bled, méteil et seigle, y ayant plusieurs vignes qui produisent du vin de bonne qualité, plusieurs noyers oliviers, figuiers et amandiers, grande quantité de bois taillis et autre à bâtir, mais peu de prairies (3)” 

Cette “bonne qualité” des vins de Donzère s’affirme de plus en plus et l’intendant Pajot de Marcheval, un siècle plus tard, en 1778, dans son mémoire sur la situation du Dauphiné (4) la relate à son tour. “Dans l’élection de Montélimar, écrit-il, il y a plusieurs vignobles où les vins sont recherchés comme ceux de Donzère, de Châteauneuf du Rhône et partie de Montélimar, mais les frais de culture en sont considérables et absorbent pour l’ordinaire la moitié de la récolte. Les autres vins, quoique bons, n’ont aucune valeur et on est forcé de les consommer dans le pays où on les recueille, ne pouvant supporter les charrois.” 

On remarquera que l’ordre alphabétique ne préside pas à l’énumération des trois localités indiquées et que sans doute, la mise au premier rang des vins de Donzère ne paraît pas due au hasard. C’est donc que ces vins avaient nettement pris le dessus sur ceux des vignobles voisins. D’autre part, il résulte de ce texte - ce que nous confirmeront d’autres écrits - que ces vins étaient déjà l’objet d’un commerce d’exportation hors de leur lieu d’origine......


“Les raisins propres à produire les meilleurs vins rouges sont ceux qui sont connus sur les lieux sous les noms de Ribier, de Saler, de Grec, de Piquepoule de la grosse et de la petite espèce. On laisse perdre dans ce moment un raisin précieux, sous prétexte que le grain est trop petit et qu’il donne peu de vin ; c’est le Cabournet qui produit un vin chaud et parfumé. 

“Les raisins blancs les plus estimés sont la Clairette, le Picardan, le Rosani ; ces trois espèces forment un vin blanc délicieux ; les plans de raisins rouges et de raisins blancs sont ordinairement mêlés dans les vignes et on les sépare à la cueillette lorsqu’on veut faire du vin blanc ; mais on laisse subsister beaucoup de ces derniers pour le vin rouge, crainte de diminuer sa qualité. 

“Le vin de Donzère ne reste ordinairement que trois ou quatre jours dans la cuve ; il est fait au bout de ce temps. Il est plus fin quand on égrène les raisins et qu’on ne met point la rafle dans la cuve. Le vin étant fait et placé dans des tonneaux de mûriers ou de chênes, on y mêle toujours un peu de vin pressé ; du moins les personnes attentives le pratiquent ainsi, parce qu’on a reconnu que cette seconde qualité de vin étant plus chargée de principes extractifs donnait plus de corps au vin qui, d’ailleurs se conservait mieux. Les tonneaux ne sont point bouchés pendant la première année, il est vrai qu’on est très attentif à les tenir sans cesse pleins."
Plus d'infos sur le Vin de Donzère dans le livre "Le Tricastin de Rodolphe Bringer" ( Cercar) -10€ franco de port - à commander à : AEFO - 6 lotissement fanfinette le bas - 84600 VALREAS ou à : aefoenotourisme@gmail.com




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