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mardi 23 juin 2020

LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Joseph Hémard

4- JOSEPH HEMARD


Joseph Hémard (né Aux Mureaux en 1880 – mort à Paris, 1961) est un illustrateur français connu dès les premières années du XXe siècle il publie des dessins humoristiques et des bandes dessinées dans des journaux illustrés comme Les Hommes du Jour, Le Pêle-mêle ou Le Bon Vivant. 

C’est là qu’il rencontre Bringer. 


Plein d’humour, doué à la fois d'un sens artistique indéniable et d'un coup de crayon remarquable, il s'est essayé à différentes applications de son art : dessins dans divers journaux humoristiques, illustrations de livres (Balzac) dont de nombreux de Bringer (plus de 100) où il a particulièrement excellé, peintures, décoration de crèches, etc.... 
Il fut reconnu comme un illustrateur de talent . Anatole France l’appelait " le plus spirituel de nos artistes contemporains". Membre de la Socièté des Humoristes qu'il présidera après la guerre comme successeur de Poulbot, il expose à l'Araignée et au Salon d'automne en 1919. Il a aussi écrit des pièces pour le Théâtre de Guignol et participe aux dessins animés de LORTAC. C’est lui qui illustra la paternité de Bringer sur le Tricastin, dessin en couverture du livre.


LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Ferdinand Allier

3 - FERDINAND ALLIER , le Félibre di Sardo

Dans ma famille on conservait précieusement le fascicule de Rodolphe Bringer « Les bons vieux plats du Tricastin » pour deux raisons. Premièrement parce qu’il y avait là nombre de recettes faciles et avec des ingrédients locaux et deuxièmement parce que mon grand oncle, le frère de ma grand-mère, Ferdinand Allier y était souvent cité. En effet poète provençal, musicien ( il a écrit une Pastorale « la Bello Bugado »), c’était aussi une gourmet ( un lipet en provençal). Bringer l’avait surnommé « le félibre di sardo » car il mettait des anchois dans tous les plats…..Ce surnom l’a accompagné toute sa vie et même encore maintenant on parle de lui en ces termes…


Préface du livre qui lui est consacré "Ferdinand Allier Félibre à Valréas" en 1990 par Jean-Pierre Thomas, époux de sa petite fille:
"FERDINAND ALLIER né à Valréas en 1878, décédé en 1938.
Après l'Ecole des Frères de Valréas, dont il restera un membre assidu de l'Association des Anciens élèves, et un passage chez les Jésuites au Collège Saint Joseph d'Avignon, il entre au Petit Séminaire Ste Garde à St Didier près de Carpentras. Il y fera de brillantes études littéraires et deviendra Bachelier en 1894 à 16 ans. De cette époque il gardera de nombreuses amitiés parmi les futurs prêtres du diocèse. Et parmi eux son grand ami l'abbé Faravel né à Grillon près de Valréas et qui deviendra curé de Grillon. Il restera pour lui comme un frère, un confident et un complice dans leur commune affection pour la langue provençale.
Mais Ferdinand Allier n’ira pas au Grand Séminaire. Il se marie à Valréas en 1902, à 24 ans, et se voit confier par son beau-père, industriel en Cartonnages à Valréas, des fonctions administratives et comptables dans sa société alors en plein essor.
Il aura deux enfants et cependant dès août 1914, à 36 ans, il est mobilisé et fera toute la guerre au front.
Il en reviendra physiquement intact, mais moralement désabusé. Et c’est peut-être pour oublier ces quatre années terribles qu’il va désormais se consacrer presque exclusivement à sa famille et à ses dons artistiques qui sont nombreux.
Musicien, il joue du violon, du violoncelle, du piano. de l’harmonium.
Il compose de la musique Il crée et dirige un chœur de chant Il écrit et compose des revues sur la vie valréassienne
Il est correspondant de presse. Il apprécie la cuisine et la gastronomie.
Il se passionne pour la langue provençale, d'abord sous le pseudonyme : Felibre de Cartoun puis Felibre di Sardo (anchois).
Il est très actif à l'Escolo de la Poumo Vauriasso. Il écrit avec son ami Gabriel Bernard de Piolenc, une Pastorale " La Bello Bugado " dont il compose toute la musique. Il laissera plus d'une centaine de poèmes provençaux, délicats et savoureux, surtout inspirés par la vie quotidienne.
Il mourra brutalement au cours d'une cueillette de champignons, en famille avec ses petits-enfants. On le recherchera dans la nuit et on le trouvera un champignon dans la main. C'était le jour des morts, le 2 novembre 1938. Il avait 60 ans.
Il a laissé aux Valréassiens le souvenir d'un bon vivant, doux, affable, optimiste, chaleureux et à ses petits- enfants, au nombre de 7 en particulier à l'une de ses petites-filles qui a hérité de beaucoup de ses dons et qualités, le souvenir d'un merveilleux grand-papa.
Ces écrits ont été recueillis et conservés par René Allier (1906-1979) fils de Ferdinand, puis par la fille de René Allier, Denise, épouse de J.P Thomas.
Il est l'auteur du quatrain qui illustre les vins de la cave La Gaillarde à Valréas dont il fut l'un des 5 fondateurs.
"Lou vin de la Gaïardo ami coufo lou cor
Donno i jouvent l'amour l'esper et la valenço
Rend i viei lou courage et l'enavans di fort
Car tira sa vertu dou soleù de Prouvenço "

LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Eugène Martin

2 - EUGENE MARTIN poète et félibre


C’était un   poète-félibre qui commença très jeune à écrire des vers en provençal – lauréat de nombreux jeux Floraux – concours de poésie – qui existent encore de nos jours dans le félibrige. Il créa "L’escolo di Lavando" qui est toujours un groupe d’écrivains et de poètes et d’amis de la langue provençale

Pour parler un peu d’Eugène Martin voici ce que Rodolphe Bringer écrivait sur lui en octobre 1929 : 
"Il y a moins d'un an "les amis du Tricastin" (la revue de R.Bringer) publiaient la première plaquette de vers du jeune félibre de Montségur Eugène Martin; cela s'intitulait "Viouletto Tricastino" et les fervents de poésie purent s'éjouir de ces beaux et francs poèmes chantant le beauté de notre Pays. 

Et voici qu'aujourd'hui, aux Editions Jacomet, de Villedieu du Comtat, parait un volume plus copieux, réunissant les plus beaux vers de notre jeune compatriote. 
Cela s'intitule "Blavet e Gau-Galin", qui veut dire, et j'ai quelque honte à vous le traduire, car tous peu ou prou vous devez connaître le Provençal "Bleuets et Coquelicots". 
Ce n'est pas ici certainement le lieu de refaire l’éloge d’Eugène Martin, dont il vous fut longuement entretenu et dont nous avons publié de nombreux poèmes. Eugène Martin est, sans contredit, le meilleur Félibre de notre Tricastin, et, à ne vous rien céler, je ne sais même pas beaucoup de Poètes en Provence qui lui puissent être comparés... Ce qui le caractérise c’est son amour de son terroir et sa façon toute particulière de le célébrer en beaux vers sonores et harmonieux... Quand on lit de l’Eugène Martin, comme on sent bien que ce ne sont pas là des poèmes pensés en Français et laborieusement traduits en Provençal, comme il arrive trop souvent pour de trop nombreux Félibres... Lui, il pense en Provençal, et en garçon de la Terre... Aussi que de métaphores heureuses et si neuves et quelle belle Poésie, sentant la Terre qui s’exhale de cette âme que n’ont point gâtée des lectures et des souvenirs... 

Ah !... Comme cela m’a fait plaisir, sur la couverture de son petit volume de vers, sous sa signature, ce titre : « Poète-Paysan »... Oui !... Eugène Martin est le vrai « Poète-Paysan », de cette noble et belle lignée des Charloun Rieu, qui chantèrent, comme des cigales, parce que le temps était beau, le ciel clair, le soleil lumineux et le site plaisant à leur cœur !.... 
Lisez "Blavet e Gau-Galin" et savourez ainsi qu’il sied cette langue rythmée, mesurée, et pleine comme du bon classique... Hélas ! Que de gens aujourd’hui ne la comprennent plus cette belle langue de nos Avi (de nos aïeuls) sœur de la Latine et qui ressemble à une musique. Oui ! Lisez ces vers, et vous verrez que nous n’avons pas tort de placer Eugène Martin si haut dans la hiérarchie félibréenne de notre Pays, car il est, je vous l'assure, un des meilleurs Poètes que j’ai connus."


LES AMIS DE RODOLPHE BRINGER : Loys Prat

1-   LOYS PRAT, peintre


 LOYS PRAT (en réalité Louis PRAT) est né le 5 octobre 1879 à Donzère au pied du château des anciens évêques de Viviers. Son père, instituteur (il enseignait à Hauterives en 1856), fut nommé secrétaire de mairie à Donzère où il épousa en 1865 Aminthe Clément, nièce du peintre donzérois renommé : Félix Clément (1826-1888).



C'est l'exemple de ce grand oncle peintre qui influença, dès ses premières années, la vocation du jeune garçon qui remit un jour à son instituteur, au lieu d'une rédaction sur l'hiver, un dessin de jardin sous la neige. L'adolescent installa son premier atelier dans les galetas de la maison paternelle et le maire d'alors, François Meynot, émerveillé de ses dispositions artistiques, lui fit obtenir la bourse du Conseil Général lui permettant de se présenter à l'Ecole des Beaux-arts.
Après une brillante première année lyonnaise sous la direction de Loubet, Poncet et Sicard, cet élève doué fut remarqué par Fernand Cormon (le peintre de "La mort de Ravana", de "Caïn", auteur de la décoration du muséum d'Histoire naturelle de Paris) qui l'accueillit dans son atelier parisien.
Admis comme élève titulaire à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris en 1900, Loys Prat en suivit assidûment les cours jusqu'en 1906. C'est en 1901 qu'il choisit ce prénom car un élève portant les mêmes nom et prénom que lui, Louis Prat, venait de s'inscrire dans le même cours.
En 1908, Loys Prat obtint le premier second Grand Prix de Rome pour sa toile "Meurtre par des païens sur la voie appienne du jeune Tharcise portant le sacrement de l'Eucharistie".
La récompense d'une bourse lui permit d'effectuer un séjour en Corse d'où il ramena plusieurs peintures et études du ciel et de la mer dans le Golfe de Sagone.
Massier à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, dans l'ate-lier de Cormon, il partagea longtemps un atelier rue Falguières, puis rue de Grenelle jusqu'en 1930, date de sa démolition pour s'installer enfin 13 bis, rue Amélie, au 5e étage.
Mais ce Parisien d'adoption, sociétaire de Artistes français depuis 1907, ne put jamais se séparer de sa Provence natale. Il transforma une ancienne magnanerie de Donzère en atelier, dont il meubla le jardin et en terrasses, d'amphores et de veilles sculptures de pierre patinée.
Nombre de ses toiles du début du siècle furent
inspirées par des thèmes bucoliques et mythologiques, toujours baignées d'une chaleureuse luminosité :
"Daphnis et Chloé", "Priape", datées de 1913, et "Faune au soleil", "Pastorale", "Bacchanale", mais aussi "Le verger du matin", "La treille" (1912).
Loys Prat fut l'un des premiers disciples de Paul Baudoin, le principal artisan de la renaissance de la fresque.
La décoration de la salle de spectacles de Thaon, dans les Vosges, qu'il avait commencée avant la guerre de 1914, ne fut terminée qu'après l'armistice.
Il créa aussi des fresques dans les immeubles de la rue Miollis et de la rue Eugène-Riesz à Paris, ainsi qu'une somptueuse "Pastorale" dans un hôtel particulier des Champs-Elysées et dans les locaux de la Caisse des Assurances Sociales de la rue de Dunkerque à Paris, réalisant aussi une œuvre très remarquée à l'Exposition internationale des Arts décoratifs à Paris en 1925.
Sa ville natale de Donzère conserve avec fierté quatre émouvantes fresques sur la vie de Jésus (par "le peintre le plus délicieusement païen") réalisées au cours des années vingt, dans le hall de la chocolaterie d'Aiguebelle, au temps de la splendeur de cette fabrique.
Mais Loys Prat reste avant tout le généreux paysagiste de cette vallée du Rhône qu'il aimait, de Privas au Vercors, des gorges de l'Ardèche au château de Grignan, passionné par cette lumière magique du Rhône dont il sut aussi jouer avec tant de subtilité dans d'inoubliables sépias.
Loys Prat mourut en 1934 à la suite d'une bénigne intervention chirurgicale dans une clinique d'Avignon.
En ce moment, la commune de Donzère est en train d'aménager les vastes locaux de l'ancienne chocolaterie dont une partie doit accueillir dans de bonnes conditions les œuvres de Loys Prat.
Car c'est la commune de Donzère qui a hérité en 1964 de 180 tableaux de l'artiste, lorsque la fille de Loys Prat, Rosette, née en 1917, si souvent peinte parmi les fleurs de l'été, revenant à bicyclette de la chocolaterie qui remployait, fut écrasée par un camion.
Le musée de Liverpool possède une peinture de Loys Prat, "Idylle" et le musée de Dijon un superbe "Paysage rhodanien". 

Source : Peintres Daphinois de la Drôme, ACMAD, 1994