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lundi 23 mars 2020

GASTRONOMIE : LA TRUFFE TRICASTINE

Dans le numéro 2 de la revue du Tricastin Etienne Hébrard publie un texte sur la Truffe Tricastine qui permet de connaitre les connaissances et la production de l’époque. 

En voici quelques extraits ...

« Le Tricastin c’est le Pays des céréales, du bon vin, de l’amandier, de la lavande et de la Truffe. Le Tricastin, selon l’expression de M. Chevalier est le pays d’élection de la Truffe. » 

En ce qui concerne les terrains identifiés à cette époque comme propices : 

« les plus productives (formations géologiques) et surtout les plus importantes sont sur les maigres terrains de la molasse helvétienne (Grignan), du Pliocène, (Vinsobres) et du diluvium quaternaire (Montségur).dans les alluvions profondes elles sont rares et improductives. 

En 1664 le prince de Conti , seigneur de Pierrelatte vint en visite dans sa bonne ville et on alla chercher des truffes à Montélimar. Des truffes à Montélimar ! Voilà un fait certifié par des documents authentiques qui nous autorise à annexer définitivement, sans contestation possible, le chef lieu de l’arrondissement, l’ancien Acunum, la ville des Adhémar au Tricastin. 

La Truffe Tricastine a eu jusqu’à ces derniers temps une concurrence redoutable, une belle dame vieillotte, l’épiderme rugueux, noirâtre et couvert de fard, habitant les futaies du Périgord. Sa réputation séculaire lui a fait son succès mais c’est tout. 

Et là on voit le chauvinisme des Amis du Tricastin dont R. Bringer n’était pas le dernier à en faire commerce 

Je CITE : 

« Notre Truffe Tricastine est aussi belle, aussi noire et le fard qui la recouvre n’est pas moins de bon teint. Quant aux qualités, je vous dis "Goutez, Comparez" et si vous n’êtes pas convaincus lisez ceci qui est écrit par des agronomes bien renseignés : 

« Parmi les départements français, la Drôme vient au 4ème rang quant à l’importance de sa production qui est approximativement de 46.000 kilos en année moyenne.les principaux centres de production sont : Canton de Grigna 15000 kilos, canton de St-Paul trois Châteaux : 9.500 kilos, canton de Nyons : 5000 kilos. Les marchés aux truffes les plus importants du département sont : Grignan, Taulignan , Montségur, St-Paul…où les belles truffes rondes sont enlevées par les courtiers d’importantes maisons de Lyon, du Périgord, etc…. 

Il parle ensuite de la récolte et de la trufficulture qui se met en place dans la région pour conclure ainsi 

« Je veux redire en terminant que la culture truffière est appelée à rénover l’économie agricole des régions jadis déshéritées. Grace au Tricastin, la Drôme prendra une des premières places dans la production nationale et la Renommée, cette prompte courrière, volant partout, des brumes de Londres aux frimas de l’Amérique, dira les qualités de la truffe tricastine….. »

GASTRONOMIE : LES BONS VIEUX PLATS DU TRICASTIN

Les amis du Tricastin éditent « Les Bons vieux plats du Tricastin », livre de cuisine mais aussi d’archéologie disent-ils car ils remettent à l’honneur les plats de leurs ancêtres. Chaque recette est précédée d’un commentaire de Bringer dont certains sont de petits bijoux d’humour….Bringer est en maître-queux sur la couverture 


Parmi ceux-ci il faut noter quelques recettes très locales, avec toujours des produits du cru et quand il parle d’huile c’est bien entendu d’huile d’olive.

- Les gratelons qu’il est inutile de détailler et sa fougasse 

- Les écrevisses à la Tricastine dont les ruisseaux ( le Lauzon par exemple) en regorgeaient à l’époque ( à base de beurre ,ail, persil et tomate ) 

- Le Cabri à la Tricastine - grillé 

- Les Caillettes,  une parmi les cent recettes du pays 

- L’alose à l’étouffée, car les meilleures aloses se trouvent entre Pont-St-esprit et Rochemaure ( elles sont assez dessalées mais pas encore trop insipides) bien entendu avec de l’oseille et de l’huile puis de l’eau de vie 

- Les Paquets à la Tricastine – recette longue et compliquée mais succulente 

- Les cardons à l’ancienne recette que je pratique régulièrement (surtout à Noël) 

- Le Coudounat , fine liqueur à base de Coings qui parât-il « possède toutes les vertus curatives et quelques autres en plus !!!....Il n’est rien de plus stomachique et mon Grand prétendait que si l’estomac savait parler il dirat : « Coing,Coing,Coing ». 

Et puis parmi toutes ces recettes il en est beaucoup avec de l’anchois. Pour deux raisons, d’abord parce que l’anchois est un ingrédient bon marché comme le dit Bringer « bien qu’elle ne soit pas précisément de chez nous et qu’on ne la pêche ni dans le Roubion, ni dans le Lez , ni même dans le Rhône, la sardo joue un grand rôle dans notre alimentation… » et deuxièmement parce que Ferdinand Allier , félibre de Valréas, ami de Bringer dont je vous parlerais , a contribué à de nombreuses recettes . D’ailleurs Bringer le dénommait le Felibre di Sarda parce qu’il en mettait souvent dans sa cuisine . 

Notons : 

- Les gondoles Tricastines, barquettes de pate brisée remplie d’une garniture faite de thon mariné, anchois, mayonnaise et décorée d’une belle rondelle de truffe…. 

- La conserve Tricastine en bocal avec tranche filet de porc rôti froid en alternance avec une couche de filet d’anchois- recouvert d’huile à déguster 2 mois après . 

- Les œufs farcis à la mode du Lipet (le lipet étant Ferdinand Allier) on appelle maintenant cela les œufs mimosas 

- Le Pan Sarda pour aller à la chasse 

- La Sardoulive ( une sorte de tapenade ) avec bien entendu des olives noires de Nyons 

- Le « Petourloun » aux anchois – qui peut de traduire par chose de peu d’importance car c’est une recette simple avec de la pâte et de l’anchois cuits au four auxquels on donne la forme que l’on veut. C’est une recette « pour orner les menus de Carême ».

Le détail de toutes ces recettes dans le livre "Le Tricastin de Rodolphe Bringer" (Cercar) -10 € franco de port - à commander à : A.E.F.O - 6 lotissement fanfinette le bas - 84600 VALREAS ou à : aefoenotourisme@gmail.com

GASTRONOMIE : LE VIN DE DONZERE

Alors que les contemporains de Bringer ne connaissaient pas encore l’existence  de la plus grande villa romaine viticole puisqu’elle fut découverte que dans les années 1970 sur le site du Mollard à Donzère,  ils faisaient déjà l’apologie du vin de Donzère qui depuis le Moyen-âge avait acquis une flatteuse réputation jusqu’en 1870…..
Rodolphe Bringer et ses "Amis du Tricastin" ( F.Revoul, E.Hebrad, A.Jullien, E.Martin) étaient de fins gourmets (lipet) . Ils nous ont laissé de nombreux articles et recettes sur les curiosités gastronomiques et produits du Tricastin. Une de celles qui nous semble aujourd'hui étonnante est "le vin de Donzère" , ancêtre des vins des Coteaux du Tricastin dont on ne sait pas qu'il fût très renommé à une certaine époque.(photo: un domaine de Donzère )

André Jullien, dans un long article, nous en a laissé l'histoire.

En voici quelques extraits 
Couleur d’or ou de rubis, différents d’aspect et de goût, mais tous capiteux à souhait, concentrant en eux la généreuse ardeur du soleil qui, chez nous, mûrit les grappes, les vins des Côtes du Rhône, Hermitage, Saint-Peray, Tavel, Châteauneuf- du-Pape, occupent une place de choix sur la table des gourmets, se classent en bon rang parmi les grands vins de France. 



C’est que dans notre sillon rhodanien, la vigne, cette buveuse insatiable de chaude lumière, qui, comme l’olivier, se plaît dans les sols que brûle l’ardente canicule, sur ces “côtes rôties” où, dès juillet, tout autre végétation se dessèche et paraît mourir, trouve en maints endroits des sites qui lui paraissent prédestinés et où elle peut donner des produits de tout premier ordre.  

Jadis, les crus fameux de la vallée du Rhône étaient plus nombreux que de nos jours. Bien des vignobles au cours de la crise phylloxérique qui ruina nos viticulteurs ont disparu et leur antique renom n’est plus pour nous qu’un souvenir (1) 

Le vignoble donzérois est de ceux-là et nous voudrions sinon écrire son histoire, ce qui dépasserait nos moyens, du moins grouper, pour en célébrer l’ancienne splendeur, quelques faits ou documents qui jalonnent cette histoire et qui, pour nos compatriotes peuvent avoir quelque intérêt. 

Le territoire de la commune de Donzère comprend, presque pour sa moitié une partie haute formée de terrasses étagées modelées par le Rhône au début de l’époque quaternaire. Ces terrasses fluviátiles s’appuient aux dômes anticlinaux de calcaires durs dans lesquels le Rhône, arrêté jadis par eux a taillé de haute lutte l’étroit défilé du Robinet et dont les assises plongent au sud et à l’est sous les couches mollassiques. La moins élevée de ces terrasses, celle de 60 mètres au dessus du niveau actuel du fleuve - à l’abri de laquelle le village s’est blotti - forme un haut talus, légèrement curviligne, qui, du nord-ouest au sud-est, se dresse au bord de la plaine. Ces terrasses sont occupées à l’est par la forêt communale de Javalenc, partie occidentale d’une vaste sylve qui par les bois de Montjoyer, de Salles, d’Aleyrac et de Taulignan déferle juqu’à la Lance. La partie ouest, que la culture abandonne de plus en plus est peu à peu envahie par la lande broussailleuse qui caractérise nos régions. 

Des ravins étroits et profonds, bien abrités du Mistral, où la chaleur se concentre de façon particulière, entaillent perpendiculairement le rebord méridional de ces terrasses ; ce sont les combes des Roches, de l’Opilias, des Riailles, de Combelonge, de Javalenc........

D’ailleurs l’existence du vignoble donzérois, au moyen-âge, ne saurait être mise en doute. Aymar du Rivail qui traversa nos régions vers le milieu du XVIe siècle note dans la relation de son voyage que la plaine qui, autour de Pierrelatte, s’étend vers le Rhône et le pays des Tricastins (Saint-Paul-Trois-Châteaux) est féconde en grains et en vins (2). Il est évident que si le vignoble avait envahi la plaine, à plus forte raison s’était installé sur les terrasses sèches et les pentes caillouteuses qui lui convenaient encore mieux. 

Ce vignoble s’étendit peu à peu. Son entretien constituait au XVIIe siècle une part très importante de l’activité des cultivateurs donzérois et nous en trouvons la preuve dans les procés-verbaux de la Révision des feux de 1698. Les Consuls et Officiers de Donzère déclarent aux commissaires le 30 avril de cette même année qu’ils paient au seigneur évêque et au chapitre de Viviers la dîme sur les vins ou la vendange et qu’il y a des vignobles tant dans les îles du Rhône que dans le reste du territoire. Et le procès verbal ajoute : “Et ayant observé et fait observer ausd. experts l’état et la qualité des fonds dud. territoire, il a paru propre à nous d. commissaires en partie considérable à froment et le surplus à bled, méteil et seigle, y ayant plusieurs vignes qui produisent du vin de bonne qualité, plusieurs noyers oliviers, figuiers et amandiers, grande quantité de bois taillis et autre à bâtir, mais peu de prairies (3)” 

Cette “bonne qualité” des vins de Donzère s’affirme de plus en plus et l’intendant Pajot de Marcheval, un siècle plus tard, en 1778, dans son mémoire sur la situation du Dauphiné (4) la relate à son tour. “Dans l’élection de Montélimar, écrit-il, il y a plusieurs vignobles où les vins sont recherchés comme ceux de Donzère, de Châteauneuf du Rhône et partie de Montélimar, mais les frais de culture en sont considérables et absorbent pour l’ordinaire la moitié de la récolte. Les autres vins, quoique bons, n’ont aucune valeur et on est forcé de les consommer dans le pays où on les recueille, ne pouvant supporter les charrois.” 

On remarquera que l’ordre alphabétique ne préside pas à l’énumération des trois localités indiquées et que sans doute, la mise au premier rang des vins de Donzère ne paraît pas due au hasard. C’est donc que ces vins avaient nettement pris le dessus sur ceux des vignobles voisins. D’autre part, il résulte de ce texte - ce que nous confirmeront d’autres écrits - que ces vins étaient déjà l’objet d’un commerce d’exportation hors de leur lieu d’origine......


“Les raisins propres à produire les meilleurs vins rouges sont ceux qui sont connus sur les lieux sous les noms de Ribier, de Saler, de Grec, de Piquepoule de la grosse et de la petite espèce. On laisse perdre dans ce moment un raisin précieux, sous prétexte que le grain est trop petit et qu’il donne peu de vin ; c’est le Cabournet qui produit un vin chaud et parfumé. 

“Les raisins blancs les plus estimés sont la Clairette, le Picardan, le Rosani ; ces trois espèces forment un vin blanc délicieux ; les plans de raisins rouges et de raisins blancs sont ordinairement mêlés dans les vignes et on les sépare à la cueillette lorsqu’on veut faire du vin blanc ; mais on laisse subsister beaucoup de ces derniers pour le vin rouge, crainte de diminuer sa qualité. 

“Le vin de Donzère ne reste ordinairement que trois ou quatre jours dans la cuve ; il est fait au bout de ce temps. Il est plus fin quand on égrène les raisins et qu’on ne met point la rafle dans la cuve. Le vin étant fait et placé dans des tonneaux de mûriers ou de chênes, on y mêle toujours un peu de vin pressé ; du moins les personnes attentives le pratiquent ainsi, parce qu’on a reconnu que cette seconde qualité de vin étant plus chargée de principes extractifs donnait plus de corps au vin qui, d’ailleurs se conservait mieux. Les tonneaux ne sont point bouchés pendant la première année, il est vrai qu’on est très attentif à les tenir sans cesse pleins."
Plus d'infos sur le Vin de Donzère dans le livre "Le Tricastin de Rodolphe Bringer" ( Cercar) -10€ franco de port - à commander à : AEFO - 6 lotissement fanfinette le bas - 84600 VALREAS ou à : aefoenotourisme@gmail.com